un voyage de princesses…

 

Voilà c’est le grand jour… Je m’appelle Léa et aujourd’hui je pars pour dix jours a Oujda, au Maroc.

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Dans la voiture avec papa, je suis partagée entre la joie et la peur, j’ai toujours eu une peur bleue des avions. C’est vrai quoi ! Comment cet énorme oiseau de fer peut voler à je-ne-sais combien de mètres d’altitude ?! Du coup je parle sans arrêt, je crois que papa en a marre ! Je lui raconte que la ville où je vais s’appelle Oujda, une ville absolument pas touristique. Que c’est pour un voyage solidaire, qu’on va installer une salle informatique dans une école primaire et réparer du mobilier scolaire dans un collège. Qu’on sera dans une famille d’accueil avec un correspondante et tout….. Bon bien sûr il le sait déjà tout ça, mais j’ai tellement peur qu’il faut bien que je m’occupe l’esprit…
Ça y est, j’arrive, l’aéroport, le parking P2, le terminal sud d’Orly, les profs, les filles, la dernière clope, le câlin avec papa et hop ! me voilà dans l’avion en route pour le Maroc !
Le trajet qui n’est que de 2 heures m’a paru bien long… J’étais « terrorifiée », mais moins que Chaïma, elle était au bord des larmes. On vient de sortir de l’aéroport de Oujda et il tombe des cordes ! Sympa ! Je fume une clope avec Aminata, Laure, Camille, Chaïma, Magui et Agathe mais on remarque très vite que les marocains à côté de nous trouvent ça gênant, parce qu’il faut savoir que les filles qui fument sont très mal vues au Maroc. Mais bon, on a pas le temps de râler face aux regards car Mohammed, le gérant du projet, et son frère sont arrivés pour nous conduire au collège où nous attendent nos correspondantes. Dans la salle des profs on nous sert des gâteaux à l’anis et du thé. Du vrai thé marocain! Une fois toutes installées, on a commencé par se présenter. Ensuite, les correspondantes nous on choisies, avant d’aller dans les familles. Ma correspondante s’appelle Nada, ses parents sont profs. Elle a deux grandes sœurs, une qui s’est  mariée la semaine dernière et une qui est en médecine. Elle a aussi deux frères, un plus vieux et un plus petit. Pendant le dîner, je suis choquée par plusieurs choses : la séparation homme/femme même au sein de la même famille et puis surtout, personne ne me parle ! Ma correspondante me parle un peu mais que pour des banalités, sinon ils parlent ensemble en arabe… Déjà que j’ai un énorme coup de blues, là je sens les larmes me monter aux yeux. Je me dépêche de finir mon maigre repas et file dans la chambre que je partage avec Nada où je m’endors presque immédiatement.
Le lendemain matin il y a une fête au collège, en l’honneur de l’anniversaire du prince héritier, le fils de Mohammed VI. Je suis attirée partout, les couleurs des robes des jeunes marocaines, la musique locale, l’odeur des gâteaux au miel et j’en passe… Après nous sommes parti vers Saidia, une ville côtière. Avant d’aller à la plage, on déjeune dans un très beau restaurant au bord de la falaise qui surplombe la mer méditerranée.
A la plage on fait la connaissance de l’autre groupe. Ceux que j’appelle « l’autre groupe » c’est un groupe de garçons qui viens de St Denis(93), et qui sont venus pour graffer sur les murs du collège où on est.
Avec les filles on va se balader, on prends plein de photos et on rencontre « Bicyclette » et son acolyte. on le surnomme ainsi car il a un vieux short de cycliste et en se présentant au lieu de dire qu’il fait du vélo, il nous dit qu’il fait de la bicyclette en Algérie. Ces derniers sont deux gars qui voulaient, au départ, faire des photos avec nous… bon… Après ils ont eu du mal à nous lâcher donc on a fait demi-tour pour revenir vers les profs et les autres. Grâce à deux garçons de l’autre groupe, Raphaël et Léo, je peux aller me baigner, Raphaël me défie de faire la course à la nage avec lui. Bien sur j’accepte et je perds de peu malheureusement !
A la fin de l’après midi, on retourne au collège, puis dans les familles.
Ce soir là dans ma famille c’était comme la veille : ils ne m’ont quasiment rien dit… Sauf au moment du dessert où ils m’ont demandé si je savais qu’il y avait un mouton sur le toit. Alors là !! On me l’avais jamais faite celle là. Eh bien en effet, ils ont bel et bien un mouton sur leur toit ! Je suis dans mon lit, Nada dors à côté, j’ai une boule dans la gorge, j’ai envie de pleurer, je ne me sens pas bien dans cette famille, si le projet ne me tenait pas autant à cœur, je pense que j’aurais envie de rentrer, mais je décide finalement de juste en parler aux profs le lendemain.
Dimanche, on a rendez vous à 10h30 pour partir à la montagne. Dans le jardin du CPE, là où on va pour fumer tranquillement, les filles me disent d’aller voir les profs, de leur parler de ma famille, du fait que je m’y sente pas bien etc mais je leur dit que je préfère attendre lundi, voir comment ça se passe ce soir, je pense naïvement que ça sera différent des deux premiers soir. En attendant on reprend notre petit bus orange pour un pique-nique dans la montagne. Sur la route, on s’arrête à côté d’un petit marché pour acheter du pain, de l’eau, de la menthe et pour prendre un ptit café. Et hop, nous revoilà partis. Benoît nous appelle « les princesses » parce que dans le bus on commence à avoir faim et puis on a chaud donc on commence à râler, à demander quand est-ce qu’on arrive, si c’est encore loin etc. Mais une fois arrivées, on est subjuguées par le paysage. On est à flan de montagne, on a une vue imprenable sur les alentours. Pendant que les autres installent le barbecue et commencent à faire bouillir de l’eau, on décide d’aller explorer les environs. Un peu au dessus de nous se tient une vieille bâtisse, à l’intérieur je crois entendre des serpents, je décide que je n’ai pas vraiment envie d’aller vérifier et que je préfère suivre les autres qui sont tombées sur une très grande grotte, « la grotte des pigeons » nous traduit l’une de nos correspondantes en lisant un panneau que je n’avais pas remarqué jusque là. Nous redescendons au moment où les premiers sandwichs sont distribués, je crois que j’ai rarement autant mangé que ce jour là… J’ai eu le droit à quatre sandwich boulettes et deux brochettes, je ne peux plus rien avaler ! Sauf peut-être le verre de thé à la menthe que me tend Claire. On passe le reste de la journée à griller au soleil, à écouter la musique qu’un groupe de personnes fait au niveau de la vieille bâtisse et à discuter tranquillement.
De retour au collège Léo me fais remarquer que j’ai pris d’énormes coups de soleil dans le dos et sur le visage. Mais on a à peine le temps de discuter car je dois vite rentrer à la maison, Nada m’attend. Sur le chemin de la maison, je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression que ça va mieux se passer, que cette fois ils vont me parler, que ça sera différent. Eh bien non, ce n’étais juste qu’une impression… la seule différence qu’il y a c’est que j’ai eu mon frère au téléphone. Demain c’est sur je vais leur en parler aux profs, parce que là je ne peux pas passer une semaine comme ça.

A suivre……